lundi 11 novembre 2019

*25* Officier d'administration gestionnaire de l'ambulance 1/10 à Chimay et Givet, du 25 novembre 1918 au 7 février 1919.

Après la signature de l'armistice du 11 novembre 1918, l'ambulance 1/10 qui se trouvait à Marcy dans l'Aisne, avait reçu l'ordre, le 19 novembre, de se diriger vers Chimay.

Après avoir fait étape à Guise et à La Capelle, elle se mettait en mouvement le 21 novembre à 7h pour parcourir 14 kilomètres et arriver à Fourmies à 11h. Là, j'occupais une chambre et un bureau chez Madame Léontine Glatigny, au  26 place du Théâtre.

Le lendemain, nous quittions Fourmies à 8h pour nous rendre en Belgique, à Chimay, à 23 kilomètres de Fourmies. Après avoir déjeuné à Momignies, nous découvrions Chimay à 16h. Je logeais chez le bourgmestre de la ville, Monsieur Hostellet. La popote se trouvait chez Monsieur Descamps, industriel en céramique et briques.

L'ambulance 1/10 avait pour mission d'assurer l'hospitalisation des prisonniers de guerre français rapatriés. Jusqu'au 25 novembre, nous étions au repos. Le détachement était installé dans le couvent occupé par les religieuses françaises Sainte Chrétienne.



Le 25 novembre, je prenais en subsistance le personnel de l'ambulance 8/18 qui avait Monsieur Prosper Viguier comme médecin chef. Ce médecin major de 1ère classe était originaire de la ville de Lexos située dans le Tarn et Garonne. Il était médecin principal, directeur du service de santé du 36ème Corps d'Armée.

Le 27 novembre, j'assurais la gestion de l'Hôpital du couvent des religieuses françaises et Monsieur Viguier était le médecin chef de cet Hôpital.

Nous succédions à l'ambulance 3/11 qui restait avec son personnel, ainsi qu'un détachement de brancardiers du 36ème Corps d'Armée.

Le ravitaillement se faisait à Petigny, à 4 kilomètres de Couvin.

Le 28 novembre au matin, nous étions rattachés à la 3ème Armée à Laon et le soir, nous changions encore pour être rattachés à la 5ème Armée commandée par le Général Guillaumat  à Neufchâteau.

L'équipe chirurgicale Louvard- Andrieu et  Mesdemoiselles Davin et Marie Renée Mazet de la Croix Rouge rentraient à l'ambulance 1/10 avec deux infirmiers, le 1er décembre dans la soirée.

Le lendemain, j'allais avec Monsieur Viguier à Charleville. Nous espérions être mis en rapport avec notre direction. Mais nous apprenions que tout l’Etat-Major se trouvait à Neufchâteau.

Durant la période du 27 novembre au 4 décembre, nous avions eu cinq décès dans cet Hôpital.

Le 5 décembre, le 36ème Corps d'Armée faisait son cantonnement et le lendemain, certains éléments de ce Corps d'Armée devaient se rendre à La Capelle.


A Chimay, le souvenir de Clara Ward était encore bien présent. Cette américaine fille du millionnaire Eber Brock Ward, avait épousé à l'âge de 16 ans le prince de Chimay, Joseph II de Riquet. Elle était extrêmement jolie. De cette union, étaient nés une fille et un garçon. En 1897, le couple divorçait, Clara étant follement amoureuse d'un violoniste tzigane Rigo Jancsi rencontré à Paris. Elle était morte à 43 ans, en décembre 1916 à Padoue, mariée alors avec un italien.


le 7 décembre, nous recevions un message de l'Armée, nous ordonnant l'appareillage de l'ambulance 1/10 qui devait regagner Givet.

Le lendemain, l'ambulance faisait étape au château de la baronne de Mesnil de Volkrange à Vierves, en Belgique, transformé en hôpital depuis le début de la guerre.
Vers 14h, la jument Banane ne pouvant plus continuer sa route, Toulorge  nous la ramenait à Chimay. 
Monsieur Viguier ayant tellement insisté pour me garder encore une huitaine de jours, en accord avec Monsieur Pinat, je restais à Chimay jusqu'à ma permission prévue pour pouvoir être dans ma famille durant les fêtes de fin d'année.

Le 9 décembre, l'ambulance 1/10  regagnait la France et arrivait à 15h à Givet dans les Ardennes, pour relever l'ambulance 16/21 dans une usine de soieries.

L'équipe chirurgicale Louvard-Andrieu et les deux demoiselles Davin et Mazet quittaient également notre formation.
  
Eme, Masselin, Deverne et Faranel  qui étaient restés avec moi pour mettre à jour les écritures, partaient ce jour-là de Chimay pour Givet.

Le médecin Baptiste Livrelli, parti de l'ambulance 1/10 depuis le 14 novembre pour une mission à Le Quesnoy,  m'écrivait de Maubeuge pour que je lui transmette son courrier.
"Livrelli Médecin de la Place. Maubeuge.
Mon cher Vidal, as-tu reçu la lettre que je t'ai adressée il y a quelques jours pour te prier de nous faire parvenir notre courrier ?Quand partiras-tu en permission ? Canac est-il rentré à la 1/10 ?On ne parle pas de nous y envoyer. Baudonnet n'a pas donné signe de vie. Mon meilleur souvenir au Médecin chef et bien cordialement à tous. Livrelli."

Le 10 décembre, l'ambulance 1/10 pouvait fonctionner à Givet avec son personnel et son matériel.

Mon frère René me tenait au courant par l'intermédiaire de cartes postales, de sa situation. Toujours affecté au 6ème colonial, il avait franchi la frontière franco-allemande le 5 décembre et se retrouvait, comme il le disait, en Bochie. L'armistice avait prévu l'occupation des pays Rhénans par les troupes alliées.



" Le 3 décembre 1918.  Mon cher Ernest, reçu ta lettre du 25/11. Les lettres mettent longtemps à venir. Je t'envoie le patelin où nous passons un jour de repos. C'est Reimrin en français. Ici, on le parle très peu. Nous sommes les premiers à y passer et nous sommes acclamés aux cris de "Vive la France" appris la veille. Demain nous traverserons l'ancienne frontière de 1870. Nous n'avons pas fini d'entendre des "ya ya ya". Ce sera la Prusse et l'accueil plus ou moins bon. Nous verrons. Dans tous les cas, nous ne trouvons plus rien à acheter depuis deux jours."



 

" Le 5 décembre 1918  Souvenir de Bochie. Mon cher Ernest, avons pénétré ce matin en vrai Bochie ; dans certains endroits tous n'ont pas bien le sourire mais où nous logeons ce soir, ils sont bien gentils. C'est à Roden à 3 km de Saarlouis que nous avons traversé ce matin et qui est ma foi bien joli. Les habitants ont l'air affamés et pour peu adoreraient les quartiers de viande du ravitaillement. Baisers. René"




Le 18 décembre, alors que j'étais en permission à Albine, nous recevions en famille son bon souvenir de "Bochie" écrit sur une carte postale de Radium-Solbad Kreuznach.






Le 30 décembre, il nous souhaitait une bonne Saint Sylvestre depuis Disibodenberg et se plaignait de ne pas recevoir souvent de nos nouvelles alors qu'il nous écrivait régulièrement . Il venait d'accéder au grade de sergent.






Mon beau-frère Fernand Siguier nous envoyait aussi ses bons voeux pour 1919 depuis Mulhouse et nous annonçait qu'il allait pouvoir me voir lors de sa permission.

Fernand, sa femme Hélène et leurs filles Alice et Madeleine


"Mon cher Ernest, merci de vos meilleurs souhaits pour 1919. Je vous souhaite à vous tous de même et je suis très heureux d'apprendre que tu es chez toi en permission.. Demain, le 30 décembre, je pars ici de Mulhouse pour 20 jours. Alors, j'aurai bien le plaisir de te voir. Bien des choses de ma part à toute la famille en attendant de vous voir à tous. Fernand"


Fernand attendait d'être démobilisé pour revenir définitivement à Mazamet, ce qui fut possible le 18 février 1919.





Nous avions aussi reçu une longue missive de Rabat, de la part d'Emile Bosc, instituteur qui avait dû quitter son poste à Albine pour se rendre au Maroc à la mobilisation.

"Rabat, le 3 décembre 1918. Cher Monsieur Vidal, Depuis que vous m'avez adressé votre aimable lettre du 30 octobre, la marche des événements a bien changé et je n'aurais jamais cru que la fin des hostilités fût si proche. Enfin ça y est, nous les avons eus malgré leur formidable puissance et leur arrogante brutalité. A nous maintenant de nous montrer à hauteur de la situation et d'imposer à nos ennemis de telles conditions qu'ils aient à jamais perdu toute velléité de faire la loi au Monde. Depuis un mois bientôt, j'ai quitté le bled pour exercer les fonctions d'instituteur à Rabat. La démobilisation étant là, j'ai quitté la Compagnie avec regret presque. On ne se sépare pas sans regrets des camarades avec lesquels on a ri ou souffert pendant 50 mois consécutifs. J'avoue tout de même que la vie est plus intéressante à Rabat qu'au Tadla, en cette saison d'hiver surtout où on ne sait pas ici ce que c'est que chauffer un appartement. Notre impatience grandit chaque jour à propos de notre rapatriement. Le gouvernement a promis de libérer les R.A.T avant fin janvier. Les troupes du Maroc feront elles du "rabiot" ? Nous espérons bien que non et que nous serons rendus à nos familles aussi tôt que les classes correspondantes de la métropole. Quant à moi, classe 1898, je ne crois pas être chez moi avant le mois de février. J'ai d'excellentes nouvelles de ma famille. Ma femme me dit que la grippe a complètement disparu à Albine. J'en suis enchanté car je ne tiens pas à l'avoir en arrivant chez moi. Mon meilleur souvenir à Madame Vidal et bien cordialement à vous. E Bosc"

Emile Bosc a enfin pu rentrer en France le 30 janvier.

De retour de permission, je retrouvais l'ambulance 1/10 à Givet, dans l'usine de soieries.

Louis Maufrais qui avait rejoint Givet  après sa mission à Le Quesnoy, devait rejoindre Paris le 16 janvier.

Le médecin Canac nous quittait  aussi le même jour pour Beyrouth.


Le courrier arrivait avec beaucoup de retard et ma femme en souffrait et m'envoyait une carte le 19 janvier pour me faire part de son impatience :











"Pourquoi manque-t-il toujours quelque chose au bonheur ? La guerre étant finie, on aurait beaucoup moins d'ennuis si la correspondance arrivait facilement, mais hélas cette dernière se fait trop désirer. Je n'ai encore rien reçu, si seulement j'en avais demain. En attendant, reçois de tes chéris leurs meilleurs baisers et caresses. Ta Loulou."







Louise avait reçu des nouvelles de  son frère Gilbert Sénégas, engagé volontaire le 19 août 1918 à la mairie de Castres, alors qu'il allait fêter ses 18 ans le 30 septembre. Il était passé du 116ème au 105ème régiment d'artillerie lourde le 5 janvier 1919.







A son tour, mon frère René avait obtenu une permission et il m'envoyait de bonnes nouvelles de notre famille de Mazamet :


"24/1/1919. Mon cher Ernest, Deux mots simplement aujourd'hui pour te dire que je suis arrivé en perme depuis hier soir. Tout le monde va bien et moi aussi. Je t'en souhaite autant. Papa n'a pas encore reçu la réponse de la poste. Aussitôt su, je te le dirais.. A plus long demain. Bons baisers de tous. René"





Le 7 février, Baudonnet était rappelé à sa région d'origine. Il en était de même pour moi.


Notre médecin chef Pinat rentrait de permission. Il notait son appréciation à mon sujet sur mon dossier militaire :








 Je récupérais mon livret de solde de l'année 1919.

                         
                       


Notre ambulance venait d'être rattachée à la deuxième région d'Amiens après avoir été rattachée à la 11ème Armée.de Compiègne. Elle devait devenir l'annexe de l'hôpital complémentaire 137 de Charleville et attendait des ordres pour liquider son personnel et son matériel.


J'allais quitter définitivement l'ambulance 1/10 à laquelle j'étais rattaché depuis le 15 octobre 1915, avec beaucoup de souvenirs.




 Cette malle qui m'avait suivi durant toutes ces années passées à l'ambulance 1/10, allait retourner avec moi dans le Tarn. Je ne m'en suis jamais séparé.



lundi 24 juin 2019

*26* Officier d'administration à l'intendance du magasin d'approvisionnement du ravitaillement du 8 février au 6 juin 1919

Le 7 février 1919, alors que j'étais affecté à l'ambulance 1/10 qui se trouvait à Givet dans les Ardennes, j'étais mis à disposition de la 16ème Région militaire qui était ma Région d'origine.

Alors que j'avais regagné mon domicile à Albine, je recevais l'ordre de la direction du service de santé daté du 15 février 1919, m'indiquant que j'étais affecté à la direction du service de santé de Montpellier, pour être détaché au Magasin d'approvisionnement du Ravitaillement, dans le service de l'Intendance. L'ordre était signé du médecin inspecteur directeur du service de santé. Je devais me rendre à Montpellier sans tarder.









Avant mon départ, ma femme m'avait montré le déguisement qu'elle avait choisi pour le carnaval.










Le 26 février, on me délivrait une carte individuelle d'alimentation fournie par le ministère de l'agriculture et du ravitaillement. Depuis le mois de mai 1918, un rationnement par tickets avait été instauré. Le rationnement pour le sucre perdurait encore en 1920 et j'ai gardé la carte individuelle de sucre délivrée par la Mairie d'Albine cette année là.

 


Le 1er mars, j'étais affecté au Centre d'approvisionnement en denrées de Montpellier, au service de l'Intendance, en qualité de gestionnaire. Je devais remplacer l'officier d'administration de 3ème classe Leroy d'Auderic qui était démobilisé. Celui-ci était originaire de Narbonne et avait fait toute la campagne 1914-1918 dans ce poste. Je logeais au 11 rue Rondelet.


Louise avait pu me rendre visite avec les enfants à Pâques, le 20 avril. Je les avais amenés voir le château d'eau, monument emblématique de la promenade du Peyrou.

 



Mon frère René pensait à nous d'Allemagne et avait envoyé à Yvonne, une jolie carte pour lui souhaiter de joyeuses Pâques.


Il espérait pouvoir avoir une permission à la fin du mois de mai, comme il l'écrivait sur une carte datée du 3 mai 1919 représentant la ville de Brusson :
" Mon cher Ernest, Toujours dans notre enceinte fortifiée. Les canards courent toujours et ce serait prévu la semaine prochaine notre départ pour Lyon. Elie doit arriver vers la fin mai, ma permission sera par là, vers cette date. Elle sera peut-être retardée car le chef va partir en perme. Il faudra que je le remplace jusqu'à sa rentrée. J'épuise un stock de cartes postales car je ne suis pas à Brusson. Bons baisers. René"

En lisant cette carte, l'idée me vint d'organiser nos retrouvailles et d'obtenir une permission pour aller passer un moment avec eux à Nancy.

En mai, ma femme me tenait au courant par courrier des problèmes rencontrés à l'usine de délainage d'Albine. Une peleuse nommée Rose Rouanet avait apparemment contracté la maladie du charbon.
Je lui répondais pour lui donner quelques conseils afin d'éviter une épidémie au cas où cette maladie serait contagieuse.
"Ma chérie, je viens de recevoir ta lettre sur laquelle tu me signales l'incident survenu à Rose Rouanet. Je suis désolé par l'importance et le caractère de cette maladie. Des précautions doivent être prises, car si cette pustule maligne, n'est pas par elle-même contagieuse, la cause qui l'a donnée doit exister quelque part peut-être et d'autres cas peuvent surgir. Des mesures de propreté sont indispensables. J'ai ma permission en poche pour Nancy. Je compte y aller la semaine prochaine et espère aussi que ma démobilisation va avoir lieu bientôt. Je ne sais pas si je viendrais avant mon départ, je ne l'espère pas. Je vous embrasse bien fort. Il fait très chaud, je me suis allégé. Ernest."

Il me tardait d'obtenir ma démobilisation. Les officiers de mon âge avaient été démobilisés avant la fin du mois de mars. Par suite de difficultés de remplacement, je devais encore attendre.

Ayant obtenu ma permission comme prévu pour Nancy, j'ai pu ainsi retrouver à cette occasion mon frère René et mon cousin Elie. Le 27 mai, j'avais pu regagner Paris et me rendre à Laroche.





De Paris, j'avais envoyé une carte à ma fille Yvonne pour lui redonner confiance pour vaincre quelques difficultés qu'elle avait en classe.







" Sois très mignonne. N'oublie jamais que tu as de gros efforts à faire pour résoudre tes problèmes, et ne néglige pas ta classe. Si tu écoutes Maman, tu surmonteras ces difficultés et tu seras toute heureuse du résultat. Je t'embrasse bien fort. Ton papa Ernest."






A mon retour, je prenais connaissance de l'appréciation notée sur mon dossier militaire par le sous-intendant militaire de 2ème classe Pringuet :






Le 6 juin, mon frère René m'envoyait son bon souvenir de Landau in der Pfalz.
Il était encore avec le 6ème colonial en Allemagne, à une vingtaine de kilomètres de la frontière franco-allemande, une des clauses de l'armistice du 11 novembre 1918 étant le maintien des troupes alliées dans cette zone.




Le 7 juin, il m'écrivait cette fois-ci de Bad Dürkheim, à l'usine d'Albine car je venais d'être enfin démobilisé.

"7/6/19  Mon Cher, c'est au nouveau civil que j'écris pour la première fois. Bonne chance là-dedans. Baisers à vous tous. René."

 

René devait encore attendre la fin du mois d'août pour être démobilisé et repartir ensuite travailler au Sénégal. Il avait obtenu des décorations en souvenir de cette guerre : la croix de guerre, l'étoile d'argent, l'étoile de bronze et la médaille militaire.

Monsieur Gustave Sarrat, patron de l'usine de délainage que je dirigeai à Albine était intervenu en ma faveur à Paris auprès d'Henry Simon, originaire de Labruguière, député du Tarn et Ministre des Colonies dans le gouvernement de Georges Clémenceau. Mon retour pour assurer mes fonctions de direction de l'usine devenait urgent.

Un certificat de cessation de paiement était joint à mon livret de solde :



Le 28 juin 1919, le traité signé entre l'Allemagne et les Alliés dans la galerie des Glaces du château de Versailles, là-même où le Kaiser avait été proclamé roi de Prusse en 1871, mettait fin à la première guerre mondiale qui avait coûté la vie à plus de sept millions d'hommes. Ce traité aboutissait notamment à la restitution de l'Alsace et de la Lorraine, ainsi qu'à l'attribution à la France en toute propriété des mines de charbon de la Sarre.



J'ai gardé précieusement ma plaque d'identité de cette période de guerre ainsi que la croix de guerre avec étoile de vermeil qui m'a été attribuée pour avoir obtenu une citation à l'ordre du corps d'armée.








L'usine d'Albine avait retrouvé tout son personnel comme on peut le constater sur cette photo :

Le personnel de l'usine Galibert et Sarrat à Albine en 1921

le monument aux morts d'Albine.









En tant qu'ancien combattant, je participais aux commémorations de l'armistice au monument aux morts.

















J'avais obtenu la carte du combattant et j'étais membre actif de l'association "ceux de Verdun".












J'étais aussi membre de l'amicale des officiers d'administration de réserve du service de santé de France et des colonies.











En 1932 et 1933,  alors que j'étais Lieutenant de réserve, j'ai été officier instructeur à l'école de perfectionnement des sous-officiers de réserve de Saint Amans Soult.









Le 22 avril 1941, j'ai été autorisé à porter la Médaille de la Victoire.


















Le 10 mai 1944, jour de mes 59 ans, j'ai été rayé des cadres par le ministre de la guerre et j'ai ainsi cessé de faire partie du corps des officiers de réserve.

 Le 21 octobre 1947, j'ai été admis à l'honorariat et le Ministre de la Guerre m'a adressé ses remerciements pour mes services rendus à l'Armée.












A l'occasion de la commémoration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale, je termine la publication de mes mémoires de guerre, avec l'espoir que mes souvenirs ne sombrent pas dans l'oubli.


jeudi 8 novembre 2018

*24* Officier gestionnaire de l'ambulance 1/10 dans l'Aisne du 14 octobre au 20 novembre 1918.


Le 14 octobre 1918, à 6 h, l'ambulance 1/10 venant de Ham dans la Somme, faisait manœuvre avec l'ambulance 12/8 pour se porter à la ferme Le Fay dan l'Aisne, entre Lizerolles et Essigny-le-Grand.

Le médecin chef , victime de la grippe espagnole, restait à Ham. Le centre chirurgical fonctionnait avec Boulay et l'équipe Louvard – Andrieu ainsi que Mesdemoiselles Davin et Mazet, deux infirmières de l'ambulance 209.  Cette équipe avait rejoint l'ambulance 1/10 le 8 octobre quand elle se trouvait au centre de triage de Ham.

Ce 14 octobre, Laon était libéré.
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Le 15 octobre, il y avait toujours des malades à la formation.

Du 17 au 20 octobre, c'était au tour des villes de Lille, Roubaix et Tourcoing d'être libérées. Lille comptait alors 120000 habitants. L'armée belge et française du Général Desgouttes avançait dans les Flandres, assurant la libération de Zeebrugge et de Bruges.

J'ai retrouvé ma carte d'identité d'officier des Armées Françaises du Nord et du Nord-est qui m'avait été délivrée le 20 octobre 1918, signée par Canac.


















Le 30 octobre, deux tentes Dickson étaient démontées pour être installées à Hauteville et le 3 novembre, nous quittions la Ferme le Fay en auto à 14h pour arriver à Marcy à 15h30. Là, rien n'était installé et le lieu manquait totalement de confort.





Le 1er novembre, je récupérais au Trésor ma solde et mes indemnités du mois d'octobre auprès de Monsieur Lacassagne, sous-intendant militaire. Cette notification était reportée sur mon livret de solde de l'année 1918.





Le 4 novembre, avait lieu une attaque sur le front de Guise. Le lendemain, Guise était libéré et les alliés avançaient jusqu'à 10 km à l'Est. Le 6 novembre, ils se trouvaient en avant de La Capelle.
L’Autriche avait accepté le 4 novembre toutes les conditions d'armistice et le 6 novembre, celles de l'Allemagne étaient faites. Les plénipotentiaires allemands avaient quitté Berlin  pour le Quartier Général français, afin de prendre connaissance de nos conditions.  A la veille d'être attaquée en Lorraine, l'armée allemande était épuisée.
Le 10 novembre, le Kaiser abdiquait et c'était la déchéance du Kronprinz Guillaume de Prusse.
Ce jour-là, l'ambulance 12/8 et le personnel médical de l'ambulance 1/10 se rendaient à Guise pour fonctionner à l'Hôtel Dieu de cette ville.

Le lundi 11 novembre 1918, l'armistice était signée et les hostilités cessaient à 11h. C'était une véritable capitulation. La situation générale avait été renversée à notre profit. La ligne Hindenburg avait été enfoncée.

Le lendemain, le 31ème Corps d'Armée quittait la Ière Armée. Le personnel médical de l'ambulance 1/10 quittait Guise pour retourner à Marcy où j'étais resté avec le peu d'infirmiers que comptait notre ambulance. Nous devions prendre le matériel laissé par les ambulances 12/8 et 10/18.

Le 14 novembre, les médecins Louis Maufrais , Baptiste Livrelli et Monsieur Baudonnet, avec quatre infirmiers se rendaient à Le Quesnoy pour assurer le service de la population civile. Ils quittaient Marcy à 7 h.

A mon tour, je quittais Marcy le 19 novembre à 9h pour Guise distant de 19 km, où j'arrivais à 15h. Je logeais au 28 rue de Villers, chez Monsieur Peltier, qui m'avait très bien accueilli.
Le lendemain, je partais de Guise à 8 h pour me rendre à La Capelle, situé à 24 km de Guise. J'y arrivais à 15h. Je logeais chez Monsieur et Madame Delvas, qui habitaient au 126 grande rue. C'était mon dernier jour dans l'Aisne.